Du 16 mai au 24 août 2014, 200 œuvres d’une vingtaine d’artistes de l’Iran contemporain, pour la plupart inédits en France, pour rompre avec quelques idées reçues et mesurer la richesse de cette culture visuelle de 1960 à nos jours.
Des années 1960 à aujourd’hui, un travelling sur l’histoire contemporaine de l’art en Iran, grand pays par sa civilisation, son histoire et sa population. Il n’est ni exhaustif ni parfait, mais livre suffisamment d’éléments dans des domaines différents, qu’il apporte au visiteur le souffle d’un pays qui nous interroge de plus en plus, et surtout déconstruit la facilité d’une représentation que nous pourrions faire et qui serait trop uniforme.
Le titre, qui fait référence au cinéma et induit que le montage de ces images n’aurait pas encore été fait, dit bien la révélation et la profusion un peu désordonnée de ces images, certaines apparemment si policées et de propagande, d’autres au contraire sans frein décelable...
Cette exposition nous offre trois séquences contemporaines fortes et successives. C’est aussi une facilitation pédagogique de notre approche de ce pays qui nous paraît à la fois si proche et si loin de nous, et semble ne pas trop s’attacher aux relations internationales :
- les Années 1960-1970, avec l’essor des arts visuels et des arts vivants (Bahman Mohassess, Behdjat Sadr, Moorteza Momayez, Ardeshir Mohassess) ;
- la Révolution de 1979, et la guerre Iran-Irak, des images inédites des événements, documentaires, affiches, expressions alternatives, détournements (Kazem Chalipa, Bahman Kiarostami, Morteza Avini, Bahman Jalali) ;
- et de l’après-guerre à aujourd’hui. Ouvertures ? Replis ? Les artistes iraniens, souvent en exil, sont dans la mondialisation, ou le tout petit monde de quotidiens (Hohred Feyzdjou, Narmine Sadeg, Mohsen Rastani, Mazdak Ayari).
L’exposition a retenu une vingtaine d’artistes, qu’ils soient déjà reconnus voire célèbres, comme Bahman Mohassess (1931-2010), Behdjat Sadr (1924-2009), Kaveh Golestan (1950-2003), et Bahman Jalali (1944-2010), ou issus de la scène contemporaine (Barbad Golshiri, né en 1982).
Kazem Chalipa (né en 1957, vit et travaille à Téhéran. Kavir (Désert), 1984.
Peinture, photographie, cinéma, affiches, et également des témoignages du Festival des arts de Shiraz-Persépolis à la période de la Révolution et de la Guerre Iran-Irak.
Cette exposition permet de remarquer la diversité et la complexité de ce qui est exprimé par ces artistes, ou par ces auteurs d’affiches anonymes, ou par ces réalisateurs. En fait peu de choses se limitent à une expression visuelle et révolutionnaire d’une brigade artistique au service des mollahs.
Regardez les photos, qu’elles soient de la guerre, de la rue, ou de quotidiens plus marginaux, partout transparait un peuple et un mode de vie... loin d’être uniformes.
Des reportages de la série "Vérité" (Haqiqat, de Morteza Avini), qui passaient pourtant pendant la guerre sur une chaîne étatique à 20h30, rendaient compte du fond des tranchées du front, sur le mode de la "narration-subjectivation", de ce qui se disait entre soldats, de leurs préoccupations et de la nature de leurs échanges. Deux épisodes sont montrées sur des monteurs. Beaucoup d’autres ont aujourd’hui disparus. On est bien loin d’un simple cinéma des Armées... ou des cinéastes "embedded".
De même avec les images de ce reportage de 3 heures sur la guerre montré dans une salle légèrement à l’écart dont certaines pourraient heurter des personnes sensibles.
Vous verrez aussi des œuvres d’artistes iraniens contemporains, liées aux contextes si particuliers de leur pays, qu’ils soient restés travailler sur place ou dans d’autres pays.
Unedited History. Iran 1960-2014. Du 16 mai au 24 août 2014, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson 75116 Paris, 01 53 67 40 00. Métro Alma-Marceau ou Iéna, RER C Pont de l’Alma. Bus 32, 42, 72, 80, 82 et 92. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h. 7 ou 5€ (plus de 60 ans, enseignants, chômeurs, famille nombreuse), ou 3,50 € (jeunes 14-26 ans + RSA). Gratuit pour les moins de 14 ans.
Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.
Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.